12 avril 2006
Charles Baudelaire a Victor Hugo.
Je sais vos ouvrages par coeur, et vos prefaces me montrent que j'ai depasse la theorie generalement exposee par vous sur l'alliance de la morale avec la poesie. Mais en un temps ou le monde s'eloigne de l'art avec une telle horreur, ou les hommes se laissent abrutir par l'idee exclusive d'utilite, je crois qu'il n'y a pas grand mal a exagerer un peu dans le sens contraire. J'ai peut-etre reclame trop. C'etait pour obtenir assez. Enfin, quand meme un peu de fatalisme asiatique se serait mele a mes reflexions, je me considere comme pardonnable. L'epouvantable monde ou nous vivons nous donne le gout de l'isolement et de la fatalite.
(extrait d'une lettre a Hugo, septembre 1859)
Charles Baudelaire, Correspondance.
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