Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
FANTOMAS MEDIA
FANTOMAS  MEDIA
19 juin 2010

Chamfort

as_portrait_496x646 (Antonio Saura) Un frère, rien que pour avoir écrit cela : La Nature ne m’a point dit : ne sois point pauvre ; encore moins : sois riche ; mais elle me crie : sois indépendant. (Chamfort, Maximes et Pensées, chap. IV, "Du goût pour la retraite et la dignitié du caractère") mais aussi (une belle bouffée de liberté et d'intelligence qui remet à neuf) : La meilleure philosophie, relativement au monde, est d’allier, à son égard, le sarcasme de la gaîté avec l’indulgence du mépris. * * * La faiblesse de caractère ou le défaut d’idées, en un mot tout ce qui peut nous empêcher de vivre avec nous-mêmes, sont les choses qui préservent beaucoup de gens de la misanthropie. * * * On dit quelquefois d’un homme qui vit seul : il n’aime pas la Société. C’est souvent comme si on disait d’un homme qu’il n’aime pas la promenade, sous le prétexte qu’il ne se promène pas volontiers le soir dans la forêt de Bondy. * * * Le Théâtre tragique a le grand inconvénient moral de mettre trop d’importance à la vie et à la mort. * * * Préjugé, vanité, calcul : voilà ce qui gouverne le monde ; celui qui ne connaît pour règles de sa conduite, que raison, vérité, sentiment, n’a presque rien de commun avec la Société. C’est en lui-même qu’il doit chercher et trouver presque tout son bonheur. * * * Quand on a été bien tourmenté, bien fatigué par sa propre sensibilité, on s’aperçoit qu’il faut vivre au jour le jour, oublier beaucoup, enfin, éponger la vie, à mesure qu’elle s’écoule. * * * Un homme d’esprit prétendait, devant des millionnaires, qu’on pouvait être heureux avec deux mille écus de rente. Ils soutinrent le contraire avec aigreur, et même avec emportement. Au sortir de chez eux, il cherchait la cause de cette aigreur de la part de gens qui avaient de l’amitié pour lui. Il la trouva enfin. C’est que par là, il leur faisait entrevoir qu’il n’était pas dans leur dépendance. Tout homme qui a peu de besoins semble menacer les riches d’être toujours prêt à leur échapper. Les tyrans voient par là qu’ils perdent un esclave. On peut appliquer cette réflexion à toutes les passions en général. L’homme qui a vaincu le penchant à l’amour, montre une indifférence toujours odieuse aux femmes. Elles cessent aussitôt de s’intéresser à lui. C’est peut-être pour cela que personne ne s’intéresse à la fortune d’un philosophe : il n’a pas les passions qui émeuvent la Société. On voit qu’on ne peut presque rien faire pour son bonheur, et on le laisse là. * * * Il y a deux classes de Moralistes et de Politiques, ceux qui n’ont vu la nature humaine que du côté odieux ou ridicule, et c’est le plus grand nombre : Lucien, Montaigne, La Bruyère, La Rochefoucauld, Swift, Mandeville, Helvétius, etc. Ceux qui ne l’ont vue que du beau côté et dans ses perfections ; tels sont Shaftersbury et quelques autres. Les premiers ne connaissent pas le palais dont ils n’ont vu que les latrines. Les seconds sont des enthousiastes qui détournent leurs yeux loin de ce qui les offense, et qui n’en existe pas moins. Est in medio verum. * * * Quand un homme et une femme ont l’un pour l’autre une passion violente, il me semble toujours que, quels que soient les obstacles qui les séparent, un mari, des parens, etc., les deux amans sont l’un à l’autre, de par la Nature, qu’ils s’appartiennent de droit divin, malgré les lois et les conventions humaines.
Publicité
Commentaires
FANTOMAS MEDIA
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité