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FANTOMAS MEDIA
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6 avril 2010

La naissance de la parodie

pedersen

(Carl-Henning Pedersen)

Plus d'un chemin, assurément, met l'homme à l'abri de la fascination redoutable. On a vu, à Lacédémone, le sorcier devenir législateur et pédagogue, la bande masquée des hommes-loups évoluer en police politique, et la frénésie, un beau jour, se retrouver institution. Ici, c'est une autre issue qu'on voit poindre, plus féconde, plus propice au développement de la grâce, de la liberté et de l'invention, orientée en tout cas vers l'équilibre, le détachement, l'ironie, et non vers la poursuite d'une domination implacable et peut-être, à son tour, vertigineuse. Au terme de l'évolution, il n'est pas exclu qu'on s'aperçoive soudain, qu'en certains cas, qui furent vraisemblablement des cas privilégiés, la première fissure destinée après mille vicissitudes à ruiner la coalition toute-puissante du simulacre et du vertige, ne fut autre que cette étrange innovation, quasi imperceptible, absurde en apparence, sacrilège sans doute : l'introduction dans la bande des masques divins de personnages de rang égal et de même autorité, chargés de parodier leurs mimiques envoûtantes, de tempérer par le rire ce qui, sans cet antidote, aboutissait fatalement à la transe et à l'hypnose.

Roger Caillois, Les jeux et les hommes, Gallimard, 1958.

(merveilleux livre, même si étrangement la lecture n'y est pas analysée - pour cela il faudra attendre l'essai indispensable de Michel Picard, La Lecture comme jeu, publié aux éditions de Minuit en 1986 ; j'essaie d'en mettre quelques extraits ici bientôt).

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